Le Conseil de déontologie journalistique et de médiation (CDJM) a publié quatre nouveaux avis, adoptés en séance plénière les 13 avril et 11 mai 2021, consultables sur le site avec toutes les décisions précédentes :
- 20-120 / Saisi à propos d’une chronique de Patrick Cohen diffusée dans l’émission « C à vous » du 19 octobre 2020, le CDJM a estimé que certaines règles déontologiques n’avaient pas été respectées et déclaré la saisine fondée (lire l’avis complet).
- 21-005 / Saisi à propos d’une chronique de Jean-Michel Aphatie diffusée dans l’émission « 24 h Pujadas » le 7 janvier 2021, le CDJM a estimé que certaines règles déontologiques n’avaient pas été respectées et déclaré la saisine fondée (lire l’avis complet).
- 21-010 / Saisi à propos du titre de une du quotidien France-Antilles, le journal de la Guadeloupe, daté du 3 février 201 (« L’homosexuel préférait les petits garçons »), le CDJM a estimé que certaines règles déontologiques n’avaient pas été respectées mais que l’erreur commise a été rectifiée de manière rapide, explicite, complète et visible. Il a déclaré la saisine justifiée mais non fondée (lire l’avis complet).
- 21-025 / Saisi à propos d’une enquête sur le financement de l’association Anticor parue dans Le Journal du dimanche le 17 janvier 2021, également publiée sur le site de l’hebdomadaire sous le titre « Anticor, le dessous des cartes », le CDJM a estimé que certaines règles déontologiques n’avaient pas été respectées et déclaré la saisine fondée (lire l’avis complet).
Depuis sa création en décembre 2019, le CDJM a reçu 407 saisines de la part du public, portant sur 164 actes journalistiques différents. Parmi elles, 34 ont fait l’objet d’un avis, 111 n’ont pas été retenues, et 19 sont en cours de traitement.
Quelques explications sur les saisines que le CDJM n’a pas retenues, en application de son règlement intérieur :
- 21-084 // Mise en cause du ton d’un journaliste. Une remarque « off » d’un journaliste perçue comme offensante, qu’il a regrettée très rapidement, ne peut être considérée comme une faute déontologique, même si elle était audible à l’antenne.
- 20-086 // Saisine du CDJM après publication d’un droit de réponse. Le requérant estimait « complètement fausses » certaines informations publiées par un média le 5 mars. Sur sa requête, ce média a publié le 27 mars un droit de réponse où ses arguments étaient présentés aux lecteurs. La requête adressée le 3 avril au CDJM pour inexactitude n’avait plus de raison d’être.
- 20-087 // Le CDJM ne peut être saisi que de ce qui est publié. La saisine portait sur les questions posées par un journaliste préparant une enquête et son ton dans ces échanges. Or une saisine ne peut porter que sur ce qui a été publié ou diffusé (article 1.2 de son règlement) et un journaliste est libre du ton qu’il emploie dans ses contacts avec ses sources.
- 21-089, 21-090, 21-097, 21-098, 21-105, 21-107, 21-111 // Mises en cause du choix d’invités par des chaînes de télévision, une radio, un quotidien et un hebdomadaire. Faire l’interview d’une personnalité politique, d’un écrivain, d’un polémiste est un choix éditorial. Chacun peut ou non partager ce choix, voire le condamner ou le dénoncer publiquement, usant de la même liberté d’expression que les personnes dont les propos le choquent. Ce choix ne peut être considéré comme un manquement à la déontologie du journalisme – sauf si les propos tenus sont contraires aux chartes éthiques (par exemple en incitant directement à la violence ou à la haine) et que le journaliste les laisse passer sans réagir.
- 21-091 // Évoquer un emballement médiatique n’est pas valider une erreur. Rendre compte d’échanges sur les réseaux sociaux provoqués par un message mal interprété par une partie du public, et expliquer comment et par qui a été créée de toute pièce une polémique, n’est pas diffuser une information inexacte.
- 21-094 // Un journal peut consacrer plusieurs articles à la même entreprise. Un chef d’entreprise estimait être victime de harcèlement de la part d’un quotidien local, qui avait consacré plusieurs articles en six mois à sa société, dont certains soulignaient ses difficultés. C’est un choix qui relève de la liberté éditoriale. A noter que le dernier article était accompagné d’un encadré exposant le point de vue de l’entrepreneur sur la situation de sa société.
- 21-096 // Une saisine ne peut être anonyme. La requête d’un certain Paul Luard (sic), dont le numéro de téléphone est 06 00 00 00 00 et l’adresse indiquée se limite au mot « »personnelle » », n’a pas été retenue, bien que portant sur un sujet susceptible d’être analysé : l’article 1.5 du règlement du CDJM stipule que les saisines ne peuvent être anonymes » et le CDJM doit pouvoir entrer en contact avec un requérant.
- 21-099 // Un médecin commentant déconfinement n’est pas en situation de conflit d’intérêt. Ces saisines, citant un article du code de la santé public, déploraient que des médecins nommément cités, intervenant dans les médias, n’aient pas indiqué l’existence de liens directs ou indirects qu’ils auraient avec des entreprises. Ce texte ne s’applique aux interventions publiques de professionnels de la santé que lorsqu’elles portent sur des produits de santé. Dans les émissions mises en cause, il n’a été question que de la stratégie de déconfinement annoncée par le gouvernement.
- 21-109 // Le ton employé par un journaliste et son attitude au cours de l’entretien sont libres. Cette saisine concernait une interview du Premier ministre, affirmant qu’elle avait été menée avec « agressivité et partialité ». Les notions de manque de partialité, d’animosité et d’agressivité sont difficiles à matérialiser. Il est légitime, pour des journalistes, de placer leurs interlocuteurs devant leurs éventuelles contradictions, de relancer des questions sans réponse, de briser la langue de bois.
- 21-112 // Le titre n’a pas été lu attentivement. Une requérante reprochait à un quotidien de titrer sur les événements de Gaza et d’Israël en évoquant « une attaque d’Israël sur Gaza, alors que cela a commencé par des attaques à la roquette depuis Gaza sur les populations civiles d’Israël ». Or le titre en cause n’employait pas le mot « attaque » et ne disait rien sur l’origine du conflit actuel.
- 21-108 // Évaluer les bénéfices et les risques d’un vaccin sur le plan individuel est un choix éditorial. Les requérants estimaient qu’une infographie interactive posait un problème déontologique parce qu’elle ne mettait pas en avant les avantages collectifs de la vaccination. Mais le texte qui l’accompagne explique ce parti-pris en détaillant la méthode choisie et ses limites.