Valeurs actuelles assigne en référé le Conseil de déontologie journalistique et de médiation (CDJM).
En août dernier, Valeurs actuelles publiait un article dans lequel la députée française Danièle Obono était représentée en esclave. Nue, enchaînée, fer au cou. Il a soulevé une vague d’indignation dans la presse comme dans la classe politique. Le parquet de Paris a ouvert une enquête préliminaire pour « injure à caractère raciste » et Danièle Obono a décidé de porter plainte contre l’hebdomadaire.
C’est dans ce contexte qu’un lecteur, choqué lui aussi par cet article, a saisi le CDJM. Non sur le plan judiciaire, ce qui n’est pas son registre. Non sur le choix éditorial du journal qui ne regarde que lui, mais pour savoir si cet article était ou non conforme à l’éthique et à la déontologie du journalisme.
Comme il le fait pour chacune des quelque 300 saisines reçues depuis sa création en décembre 2019, le CDJM a informé Valeurs actuelles de la saisine, en l’invitant à lui faire connaître ses arguments. La direction du magazine n’a pas répondu.
Le CDJM, composé de journalistes, d’éditeurs, et de représentants du public, a analysé l’article et les griefs formulés dans la saisine au regard des chartes d’éthique reconnues en France et à l’international. Au terme de ce processus rigoureux, il a rendu son avis et l’a publié.
Comme chacun peut le lire sur son site, le CDJM estime que l’article est contraire aux règles déontologiques qui précisent que les journalistes doivent « respecter la dignité des personnes citées et/ou représentées ».
Plus d’un mois après la publication de cet avis, la direction de Valeurs actuelles prend la responsabilité d’une procédure liberticide en assignant le CDJM en référé, au motif qu’il « porte atteinte à la présomption d’innocence » de son directeur de la publication. En tentant de semer la confusion entre ce qui relève de l’éthique journalistique et ce qui relève du droit pénal, Valeurs actuelles vise clairement à faire taire le CDJM dans un « procès bâillon ». Il exige des dommages et intérêts, et tente d’interdire toute expression concernant le respect de la déontologie du journalisme dans ses publications.
Valeurs actuelles a obtenu le soutien de responsables de magazines regroupés au sein du Syndicat des éditeurs de presse magazine (SEPM) pour l’accompagner dans cette procédure liberticide. Paradoxalement, on trouve parmi ses membres des titres qui ont violemment condamné l’article sur la députée Danièle Obono.
L’audience aura lieu le 2 février. C’est un rendez-vous majeur pour la liberté d’expression et le droit de chaque citoyen à une information de qualité.