Qu’est-ce qu’un conseil de déontologie journalistique ?
Il existe une centaine de conseils de déontologie journalistique ou conseils de presse dans le monde, le plus ancien ayant été créé en Suède en 1916. Dans l’Union européenne, dix-huit pays se sont dotés d’un conseil de presse (il y en a deux en Belgique). Le CDJM français a lui été fondé le 2 décembre 2019.
Les organisations internationales telles que l’Union européenne, le Conseil de l’Europe et l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) incitent à leur création. Elles considèrent que la liberté de pensée et d’expression comme la liberté de communiquer et d’informer sont au cœur de la démocratie et doivent être préservées, mais que les citoyens doivent pouvoir dialoguer avec ceux qui les informent autrement que par des discours de haine.
Cette instance est l’une des réponses à la crise de confiance du public envers les médias et aux tentatives de manipulation de l’information. En répondant aux interrogations du public sur les infox et autres fake news, il démarque ce qui ressort de l’information et ce qui est du domaine de l’expression libre mais non informative.
Un conseil de déontologie journalistique est une protection pour les éditeurs et les journalistes : il défend la liberté éditoriale, qui dépend du directeur ou de la directrice de publication, il respecte les choix éditoriaux, qui sont libres et demeurent l’apanage des rédactions, il refuse toute intervention a priori en ne se prononçant qu’a posteriori sur des articles publiés ou des émissions diffusées, enfin, il est un rempart pour les rédactions et les éditeurs contre les pressions des pouvoirs et des lobbies.
Quel est son rôle ?
Le conseil de déontologie journalistique a vocation à regrouper l’ensemble des éditeurs et des journalistes, tous médias confondus (presse écrite, radio, télévision, numérique, agences) à l’échelle nationale, ainsi que des représentant·e·s des publics.
Il est un organe professionnel d’autorégulation, indépendant de l’Etat, une instance de médiation et d’arbitrage entre les médias, les rédactions et leurs publics, enfin, une instance de réflexion et de concertation pour les professionnels et de pédagogie envers les publics.
Ce n’est ni un conseil de l’ordre, ni un « tribunal de la pensée » ; il n’est pas une instance étatique ou administrative.
Ce conseil est tripartite, composé de représentants des journalistes, des éditeurs et des publics.
Il est saisi par le public ou peut s’autosaisir. Il rejette toutes les saisines concernant la ligne éditoriale ou les choix rédactionnels, qui sont libres et demeurent l’apanage des rédactions sous l’autorité du directeur ou de la directrice de publication.
Il instruit contradictoirement les saisies jugées recevables, qui concernent le respect des pratiques professionnelles. Un conseil de déontologie journalistique ne prononce pas de sanctions pénales, financières ou autres, mais il publie des avis, sur son site et sur le site du média concerné.
Un conseil de déontologie journalistique permet de redonner un avantage qualitatif en termes de fiabilité et de confiance aux médias en démarquant les informations professionnelles du tout-venant diffusé sur les réseaux sociaux et les plateformes et des propagandes étatiques ou autres.