Adopté en réunion plénière du 25 novembre 2025 (version PDF)
Description de la saisine
Le 25 août 2025, Mme Séverine Erhel a saisi le CDJM à propos de l’émission « Secrets d’info » de France Inter diffusée le 14 juin 2025 sous le titre : « Écrans éducatifs et sciences cognitives : comment la big tech investit l’école ».
Mme Erhel, professeure des universités en psychologie du numérique, est l’une des personnes interviewées dans ce reportage. Elle formule deux griefs : non-respect de l’exactitude et de la véracité et non-rectification d’une erreur. Elle estime inexacte la façon dont sont présentés son rôle dans un projet de recherche et sa déclaration d’intérêts à l’Anses, ainsi que le déroulement de tests et le financement de ces recherches.
Recevabilité
L’enquête en cause a fait l’objet d’un article sur le site de Franceinfo publié le 13 juin 2025 sous le titre « Écrans et enfants : quand la recherche publique flirte avec les intérêts privés » et a été annoncée dans le journal de 7 heures de France Inter du vendredi 13 juin 2025 dans un élément dit « zoom » sous le titre « Quand l’industrie du numérique s’invite dans les écoles ». Or la requérante saisit précisément le CDJM pour l’émission « Secrets d’info » du 14 juin 2025, mais mêle à son argumentation des éléments qui concernent également l’article mis en ligne le 13 juin. Il a donc été décidé d’instruire cette saisine en tenant compte des deux actes journalistiques, signés de la même journaliste et qui reposent sur son enquête.
Par ailleurs, le CDJM a écarté le grief de méthodes déloyales également formulé par la requérante, et ceux mettant en cause les choix éditoriaux et rédactionnels de Radio France sur ce sujet.
Règles déontologiques concernées
Les textes déontologiques auxquels le CDJM se réfère précisent les obligations du journaliste.
À propos du respect de l’exactitude et de la véracité :
- Il « tient l’esprit critique, la véracité, l’exactitude, l’intégrité, l’équité, l’impartialité, pour les piliers de l’action journalistique ; tient l’accusation sans preuve, l’intention de nuire, l’altération des documents, la déformation des faits, le détournement d’images, le mensonge, la manipulation, la censure et l’autocensure, la non-vérification des faits, pour les plus graves dérives professionnelles », selon la Charte d’éthique professionnelle des journalistes français (1918-1938-2011).
- Il doit « respecter la vérité, quelles qu’en puissent être les conséquences pour lui-même, et ce, en raison du droit que le public a de connaître la vérité », selon la Déclaration des droits et devoirs des journalistes (Munich, 1971, devoir no 1).
- Il doit « respecter les faits et le droit que le public a de les connaître », selon la Charte d’éthique mondiale des journalistes (FIJ, 2019, article 1).
- Il doit « publier seulement les informations dont l’origine est connue ou les accompagner, si c’est nécessaire, des réserves qui s’imposent », selon la Déclaration des droits et devoirs des journalistes (Munich, 1971, devoir no 3).
- Il « ne rapportera que des faits dont [il] connaît l’origine, ne supprimera pas d’informations essentielles et ne falsifiera pas de documents. [Il] sera prudent dans l’utilisation des propos et documents publiés sur les médias sociaux », selon la Charte d’éthique mondiale des journalistes (FIJ, 2019, article 3).
- Il « considérera comme fautes professionnelles graves le plagiat, la distorsion des faits, la calomnie, la médisance, la diffamation, les accusations sans fondement », selon la Charte d’éthique mondiale des journalistes (FIJ, 2019, article 10).La distinction faits commentaires
- Il défend « en tout temps, les principes de liberté dans la collecte et la publication honnêtes des informations, ainsi que le droit à un commentaire et à une critique équitables » et veille « à distinguer clairement l’information du commentaire et de la critique », selon la Charte d’éthique mondiale des journalistes (FIJ, 2019, article 2).
- Il « fait en sorte de rectifier rapidement toute information diffusée qui se révèlerait inexacte », selon la Charte d’éthique professionnelle des journalistes français (1918-1938-2011).
- Il « rectifie toute information publiée qui se révèle inexacte », selon la Déclaration des droits et devoirs des journalistes (Munich, 1971, devoir no 6).
- Il « s’efforcera par tous les moyens de rectifier de manière rapide, explicite, complète et visible toute erreur ou information publiée qui s’avère inexacte », selon la Charte d’éthique mondiale des journalistes (FIJ, 2019, article 6).
- Lire aussi la recommandation du CDJM « Rectification des erreurs : les bonnes pratiques ».
À propos de la rectification des erreurs :
Réponse du média mis en cause
Le 10 septembre 2025, le CDJM a adressé à M. Benoît Collombat, directeur de la cellule Investigation de Radio France, avec copie à Mme Marie Dupin, journaliste, un courrier les informant de cette saisine et les invitant à faire connaître leurs observations, comme le prévoit le règlement du CDJM.
Le 17 septembre 2025, M. Collombat a répondu point par point aux griefs formulés par la requérante et adressé aux CDJM des éléments recueillis au cours de son enquête par la cellule investigation de Radio France (lire ci-dessous). Il ajoute que Mme Erhel, la requérante, a adressé un droit de réponse en juillet 2025 et que le « service juridique de Radio France, après analyse a considéré que cette demande de droit de réponse n’était pas juridiquement recevable ».
Analyse du CDJM
✦ L’enquête de Radio France fait l’objet d’un article sur le site de Franceinfo le 13 juin 2025 ainsi que de l’émission « Secrets d’info » diffusée sur France Inter le lendemain. Elle porte sur « la stratégie des start-up du numérique mais aussi des Gafam pour faire rentrer les écrans à l’école ».
L’article de Franceinfo, signé par la journaliste Mme Marie Dupin, est titré « Écrans et enfants : quand la recherche publique flirte avec les intérêts privés ». Long de 15 298 signes, il souligne dans les premiers paragraphes que seules 2 des 29 recommandations du groupe d’experts sur « les écrans et leurs effets sur la santé et le développement cognitif des enfants », créé par la présidence de la République, « ont été annoncées pour la rentrée prochaine ». Il insiste sur « l’enjeu majeur de santé publique » que représentent les écrans sur « le développement cognitif des enfants ».
Les prises de position de certains chercheurs sont analysées, ainsi que les relations de leur laboratoire de recherche avec des entreprises privées. L’article précise que « si les collaborations entre les laboratoires de recherche publics et les entreprises privées n’ont rien d’illégal, elles doivent en revanche être transparentes » et souligne les absences dans les déclarations publiques d’intérêts de certains chercheurs. Il est constaté une « porosité entre laboratoires de science cognitive, intérêts privés et politiques publiques » et analysé le cas d’un chercheur qui « appelle, lui aussi, à ne pas diaboliser les écrans » et a « mené, en 2019, un projet en partenariat avec une start-up » pour développer des outils numériques destinés aux enseignants.
L’article cite ensuite l’application Kaligo, « destinée à aider les enfants à apprendre à écrire », et indique que les « usages bénéfiques » de ce logiciel sont évoqués par la requérante, Mme Séverine Erhel, chercheuse à Rennes au sein du laboratoire LP3, dans son livre Les enfants et les écrans, sans que soit précisé que « l’application en question a été développée par son laboratoire, avec une entreprise, Script & Go, qui mène ou a mené au total cinq projets avec le LP3C ». L’auteure s’étonne que Mme Erhel n’ait signalé cette collaboration dans sa déclaration publique d’intérêt qu’après « les questions de la cellule investigation de Radio France ». Mais elle ajoute que l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) a cependant considéré les liens d’intérêt en cause comme mineurs.
L’article se poursuit en indiquant que derrière l’entreprise Script & Go « on retrouve, une nouvelle fois, un membre des Gafa », Microsoft, qui aurait même « accueilli des élèves d’écoles primaires et de collèges dans sa classe immersive » pour mener ces recherches, avec comme « objectif » de « permettre aux constructeurs de développer ou d’affiner leurs gammes de produits dédiées à l’éducation ». En conclusion de l’article, un syndicaliste enseignant déplore que « d’un côté le gouvernement dit qu’il faut protéger les enfants des écrans, mais d’un autre il subventionne le développement des outils numériques à l’école ».
La version audio de cette enquête est une émission de trente minutes, au cours de laquelle M. Benoît Collombat, chef de la cellule investigation de Radio France, questionne Mme Dupin qui raconte son enquête et fait entendre des documents sonores et des extraits d’interviews qu’elle a menées.
Cette émission commence par relever une contradiction entre les engagements oraux des politiques et leur traduction limitée sur la question du « danger des écrans ». Elle présente ensuite les prises de position de certains chercheurs. Enfin, elle souligne une collaboration entre des équipes de chercheurs, des start-up et les Gafam dans le financement ou la participation à des recherches sur subventions publiques. M. Collombat introduit cette partie en disant : « On va voir plus précisément comment les Gafam, Facebook, Meta, Google ou Microsoft mettent un pied dans les laboratoires de recherche publics français et dans les écoles. »
Deux exemples sont détaillés alors, le second concernant un laboratoire de l’université Rennes 2, où travaille la requérante. Celle-ci est présentée comme réservée sur les mesures d’interdiction des écrans envisagées. Puis la journaliste Mme Dupin évoque un logiciel d’apprentissage de l’écriture, Kaligo, développé par une start-up française sur fonds publics en partenariat avec ce labo. Elle explique que les équipes de la requérante ont testé ce logiciel en Bretagne sur des centaines d’élèves de maternelle, que des tests ont été faits aussi dans des locaux de Microsoft en région parisienne, et que les données recueillies ont permis d’améliorer les outils des industriels. La conclusion de l’émission est la même que celle de la version écrite.
Sur le grief d’inexactitude
La requérante relève dans l’enquête quatre informations qu’elle estime être inexactes.
À propos de la participation de la requérante à des projets de recherche
✦ Le premier passage est, selon elle, une « présentation erronée de [ma] participation au projet Actif et à IntuiScript, alors même [que je n’y ai pas] contribué scientifiquement ». Cette accusation est formulée explicitement dans l’article, mais pas dans l’émission « Secrets d’info ».
Le passage en cause indique que « Séverine Erhel est chercheuse en psychologie cognitive au sein du laboratoire LP3C de l’université Rennes 2. Dans son livre, intitulé Les enfants et les écrans, elle souligne les usages bénéfiques que peuvent avoir les outils numériques, notamment une application destinée à aider les enfants à apprendre à écrire : Kaligo. Sans préciser nulle part que l’application en question a été développée par son laboratoire, avec une entreprise, Script & Go, qui mène ou a mené au total cinq projets avec le LP3C. Séverine Erhel a elle-même participé à l’un de ces projets, d’environ 3 millions d’euros, financé pour moitié par des subventions publiques et pour moitié par la start-up ».
Les projets de recherche scientifique IntuiScript et Actif, cités par Mme Erhel, visaient à expérimenter et à concevoir des outils numériques et des méthodes pédagogiques utilisant les tablettes, notamment « un cahier numérique dédié à l’apprentissage de l’écriture dans les écoles primaires, en utilisant des tablettes équipées de stylet » qui a abouti à un produit commercialisé à l’automne 2017 sous le nom de Kaligo.
✦ À la critique de Mme Erhel, M. Collombat répond que « le laboratoire LP3C, auquel elle est rattachée, a participé à plusieurs projets de recherche en partenariat industriel avec des entreprises privées dont Script & Go, qui a développé une application, Kaligo, destinée aux élèves qui apprennent à tracer des lettres (grande section de maternelle, CP…) ».
Il ajoute que « Mme Erhel est citée nommément [dans l’article, ndlr] car : elle présente positivement l’application Kaligo dans un ouvrage sur les enfants et les écrans ; elle a été engagée dans un projet de recherche impliquant son laboratoire et l’entreprise Script & Go (projet Actif), sans l’avoir déclaré dans sa déclaration publique d’intérêts (DPI) ».
M. Collombat adresse au CDJM plusieurs documents :
- « un lien vers le site du LP3C, indiquant que le LP3C et Script & Go sont partenaires dans le projet Actif ». On lit effectivement parmi les projets de recherche du laboratoire LP3C cité dans ce document :« 2017-2020 ACTIF (2016-2020) Favoriser l’apprentissage actif et collaboratif et mesurer l’impact des feedbacks, AAP E-Fran / PIA, Resp E. Jamet et N. Michinov (LP3C) Partenaires du projet : LP3C, IRISA-Intuidoc, LOUSTIC, Académie de Rennes, Région Bretagne, ESPE, Script&Go, Saooti, l’espace des sciences de Rennes. Montant du projet : 3 360 000 €. Chercheurs du LP3C impliqués : Bonneton N., Brunot, S., Erhel S., Fleury S., Gonthier, C., Jamet E ., Michinov, E., Michinov, N. ».
- une copie d’un dossier de candidature adressé conjointement en 2016 par plusieurs partenaires en réponse à un appel à projets du Programme d’investissements d’avenir, portant sur l’« innovation numérique pour l’excellence éducative », indiquant que Mme Erhel fait partie des « équipes de recherche impliquées dans le projet et encadrement des doctorants ».
- la déclaration publique d’intérêts rectifiée que Mme Erhel a rédigée le 7 mai 2025 (avant donc la diffusion de l’émission et de l’article incriminés), où on lit, à propos de l’étude en cause « Apprentissage et collaboration sur tablettes : interactions et feedback », à la question « votre rôle » : « Autre : (je n’ai pas eu le temps de m’investir dans le projet sauf pour les réunions de lancement, je n’ai pas expérimenté, je n’ai pas publié avec ce projet). »
✦ L’article n’affirme pas que Mme Erhel a « contribué scientifiquement » aux projets évoqués mais que des équipes du laboratoire LP3C y ont participé, ce qui n’est pas contesté, et qu’elle-même a été impliquée a minima dans le projet. La participation de Mme Erhel, même limitée aux réunions de lancement, est effective. La signaler est un choix éditorial, pas une inexactitude.
À propos de la position de l’Anses sur les liens d’intérêts de la requérante
✦ Mme Erhel cite comme deuxième inexactitude une « omission volontaire d’éléments fournis par l’ANSES et sa déontologue établissant l’absence de conflit d’intérêts ».
✦ M. Collombat répond : « Il est faux d’affirmer que nous aurions occulté la réponse de l’Anses », et affirme que l’article de Franceinfo « reprend fidèlement la position de l’agence, sans la caricaturer ni la dissimuler ».
On lit dans l’article le passage suivant :
« Interrogée sur ce point, Séverine Erhel assure ne pas avoir “réellement” participé au projet financé en partie par Script & Go, ce qui, selon elle, explique pourquoi elle ne l’a pas indiqué dans sa déclaration publique d’intérêts. Mais elle l’a ensuite fait après les questions de la cellule investigation de Radio France. Contactée, l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) explique avoir “procédé à l’analyse de trois liens récemment déclarés”, qui ont été considérés comme mineurs “compte tenu de leurs caractéristiques et de l’objet” de l’expertise, c’est-à-dire les dangers des réseaux sociaux. »
Ni l’article écrit, ni l’émission « Secrets d’info » (qui fait l’impasse sur ce point) n’affirment que Mme Erhel se trouve en situation de conflit d’intérêts. C’est l’absence de déclaration spontanée d’une participation (même limitée) à un projet de recherche impliquant des intérêts privés qui retient l’attention de la journaliste. C’est ce qu’elle indique dans la version écrite : « Si les collaborations entre les laboratoires de recherche publics et les entreprises privées n’ont rien d’illégal, elles doivent en revanche être transparentes. »
Mme Erhel reproche à tort une omission du blanc-seing que lui accordé la déontologue de l’Anses, puisque qu’il est écrit dans l’article que l’Anses a « procédé à l’analyse de trois liens récemment déclarés, qui ont été considérés comme mineurs ».
À propos de la source des financements des études concernées
✦ La requérante estime qu’il y a une « confusion sur les financements publics (ANR, PIA), présentés comme équivalents à des financements directs par les Gafam ».
✦ Dans sa réponse au CDJM, M. Collombat explique que « notre enquête ne confond ni les sources de financement, ni les acteurs. Elle examine justement comment certains financements publics de projets de recherche peuvent indirectement bénéficier à des entreprises privées dans des projets co-construits avec des acteurs du numérique, parfois associés à des multinationales (Microsoft, Meta…). »
La version audio fait clairement la distinction entre « des financements de l’État », le « financement direct de Meta » ou les « financements ou des dons du groupe Nathan ». La version écrite cite un laboratoire public qui conduit des recherches avec « une start-up qui commercialise des outils numériques » et bénéficie de « dons relativement importants, environ 500 000 euros entre 2017 et 2022, d’entreprises privées, notamment de l’éditeur scolaire Nathan ». L’appréciation selon laquelle « certains financements publics de projets de recherche peuvent indirectement bénéficier à des entreprises privées dans des projets co-construits avec des acteurs du numérique, parfois associés » est une analyse qui repose sur des faits, pas une inexactitude factuelle.
À propos des tests réalisés dans des salles de Microsoft
✦ Mme Erhel indique par ailleurs dans la copie du droit de réponse adressé à Radio France qu’elle a communiqué au CDJM que « l’enquête avance également, à tort, que des tests auraient été réalisés dans des salles immersives appartenant à Microsoft. Ces tests, menés il y a plus de dix ans, se sont déroulés dans une salle financée par la région Bretagne au sein du pôle universitaire numérique Rennes Beaulieu. Les tests d’évaluation de l’application ont été réalisés en toute indépendance par la plateforme de recherche Loustic financée pour cette opération par la région Bretagne ».
✦ M. Collombat indique au CDJM que, si des tests ont été réalisés en Bretagne comme le dit Mme Erhel, d’autres l’ont été « dans une salle immersive de Microsoft, comme le précise l’annexe technique du projet IntuiScript » qu’il joint à sa réponse, et que cette information a été confirmée « par téléphone par le dirigeant de Script & Go lui-même, qui a également indiqué que des ingénieurs de Microsoft étaient présents lors de ces tests ».
On lit en effet, page 20 de l’annexe technique de la réponse à l’appel à projets « Services et contenus numériques innovants pour les apprentissages fondamentaux à l’École » déposée par les partenaires du projet IntuiScript en 2013, sous un tableau présentant le « déploiement des expérimentation dans des écoles pilotes sur les quatre départements bretons », la mention :
« Ce bassin expérimental breton, basé sur des classes pilotes, sera complété sur Paris par la classe immersive de Microsoft. Cette classe, installée dans les locaux de Microsoft France à Paris […] est donc un atout supplémentaire au projet IntuiScript notamment pour développer des tests “ponctuels” et ainsi pour valider rapidement les premières phases de test fonctionnel de chacun des cycles de développement du cahier numérique. »
On lit dans la version écrite de l’enquête, à propos de la mise au point de l’application Kaligo : « 1 000 élèves de maternelle ont passé des tests sur tablettes, dans des salles Microsoft, en présence d’ingénieurs ». Dans la version diffusée dans « Secrets d’info », la journaliste Marie Dupin indique que des élèves « ont passé des tests, notamment dans une classe immersive de Microsoft, dans les locaux de Microsoft et en présence d’ingénieur, comme le confirme Benoît Jeannin [le patron de la start-up associée aux recherches] ». On entend alors celui-ci dire : « Ces salles permettent d’enregistrer et de faire passer des classes d’élèves pour réaliser des exercices. Donc dans ces exercices, on leur proposait de tracer des lettres. En même temps, ça permettait de prendre des empreintes pour aussi améliorer les moteurs d’intelligence. À partir de ces travaux, on a continué à améliorer les moteurs, donc les moteurs d’intelligence artificielle. »
La journaliste ne dit pas qu’il n’y a pas eu de tests en Bretagne, ni que Mme Erhel était au courant qu’il y en a eu aussi en région parisienne. Elle dit, preuves à l’appui, qu’il y en a eu dans les locaux de Microsoft dans le cadre des recherches qui ont débouché sur le logiciel Kaligo. Il n’y a pas d’inexactitude.
Sur le grief de non-rectification des erreurs
✦ La requérante indique au CDJM, concernant le grief de non-rectification des erreurs, qu’« aucune rectification [n’a été] apportée aux inexactitudes mentionnées ci-dessus malgré les droits de réponse transmis, y compris en recommandé ».
M. Collombat indique que Mme Erhel a bien adressé un droit de réponse en juillet à Radio France 2025 et que « la cellule investigation a fourni des éléments de réponse factuels au service juridique de Radio France, qui après analyse a considéré que cette demande de droit de réponse n’était pas juridiquement recevable ».
Le CDJM rappelle que la publication d’un droit de réponse obéit à des conditions de fond et de forme et que seul le juge est compétent pour se prononcer sur un refus d’insertion. Il constate qu’il n’y a pas d’inexactitudes factuelles dans les deux actes journalistiques objets de cette saisine, et donc pas matière à rectification.
Conclusion
Le CDJM, réuni le 25 novembre 2025 en séance plénière, estime que les obligations déontologiques d’exactitude et de rectification des erreurs n’ont pas été enfreintes par Radio France.
La saisine est déclarée non fondée.
Cet avis a été adopté par consensus.
